Licence pro : former des pro !

Licence pro : former des pro !

Si elle est ainsi appelée, c’est simplement parce que la « licence pro » vise (à) la professionnalisation. Autrement dit, de permettre l’intégration rapide du marché de l’emploi. Mais encore ?

Un peu d’histoire sur la licence pro :

Instaurée en 2003-2004 par le biais de la réforme LMD (Licence-master-doctorat), la licence professionnelle (dite LP ou licence pro) remplace alors les « licences appliquées » en vigueur depuis le milieu des années 1990 au sein des facultés marocaines de droit notamment (facultés des sciences juridiques, économiques et sociales), et dont la création avait pour but de pallier le chômage ambiant rencontré par les titulaires de licences « classiques » lesquels n’arrivaient pas à trouver leur compte sur le marché de travail, en raison explique-t-on de leur « inadaptabilité » aux exigences du marché. Aujourd’hui, la licence pro représente une étape intermédiaire, une voie médiane qui se situe entre le diplôme Bac+2 (DEUG, BTS, DUT, etc.) et le diplôme de master (Bac+5). De fait, elle séduit de plus en plus d’étudiants mais aussi des jeunes et moins jeunes professionnels qui, après une rupture d’études plus ou moins longue, souhaitent renouer avec les études supérieures avec ce type de formation. Comme en atteste l’exemple de ce Monsieur sexagénaire fondateur et dirigeant depuis une vingtaine d’années d’une entreprise dans le domaine médical, qui décide après une longue interruption d’étude de s’inscrire dans une licence professionnelle de… « journalisme et médias » au sein de la faculté des lettres d’Ain Chok à Casablanca afin dit-il d’« apprendre de nouvelles choses simplement ». Nouvelle donc en matière de formation, la licence pro a réussi à s’incruster rapidement aussi bien dans les universités que dans les écoles supérieures autant publiques que privées.

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A l’Université 

Instaurée conjointement avec la licence d’études fondamentales, qui est la licence « classique », la licence professionnelle dont la durée d’étude varie entre une à deux années vient répondre à des demandes spécifiques du marché de l’emploi. Les besoins qui ont donné naissance à cette formule ont été exprimé dans plusieurs secteurs d’activités aussi bien sur le plan national que sur le plan régional. Une augmentation considérable en matière de filières a été observée depuis 2005 (date de l’intégration des LP dans les universités). En effet, le nombre de filières a augmenté de façon exponentielle avec plus de 550%, passant ainsi de 62 filières accréditées au départ à plus de 400 en 2011 par exemple, toutes filières et spécialisations confondues. Pour s’adapter aux orientations stratégiques du plan d’urgence d’alors (2009-2012), la professionnalisation et la diversification de la formation ont été considérés comme les piliers des Licences pro. Ainsi, une introduction de modules dits professionnalisants a été effectuée afin que les LP correspondent aux besoins exprimés aussi bien dans le périmètre de rayonnement des universités que dans les chantiers de dynamisation de l’économie nationale (Industrie aéronautique, métiers des centres d’appel, automobile, finance, développement durable, environnement, etc.) Dans ce cadre, les langues, les technologies d’information et de communication, l’entreprenariat et la méthodologie de travail universitaire… mais surtout l’immersion professionnelle grâce aux stages sont partie intégrante de ce diplôme.

Dans les établissements supérieurs privés aussi  :

En dépit de l’absence de chiffres officiels concernant le nombre de filières de licences pro au sein des écoles et établissements d’enseignement privé, les campagnes publicitaires menées par ces derniers confirment néanmoins l’engouement pour ce diplôme. Les LP semblent s’imposer aussi bien dans le cadre de l’enseignement supérieur que dans celui de la formation professionnelle privés. Cette dernière qui s’achève par un Diplôme universitaire de technologie (DUT), un Brevet de technicien supérieur (BTS) ou un DEUG, fournit un nombre assez conséquent de candidats pour la LP. Bénéficiant le plus souvent d’un partenariat avec les établissements supérieurs étrangers (France, Canada), une double « diplomation » et d’une collaboration étroite avec les professionnels de chaque secteur d’activité, les écoles privées proposent ainsi une offre plus attractive pour les étudiants, même si le prix reste relativement élevé (dans les 45 000 dirhams en moyenne) par rapport au coût des études dans un cycle fondamental. Les spécialités quant à elles sont de toute sorte, et s’orientent dans plusieurs directions : commerce-gestion, logistique, agro-industrie, paramédical, aéronautique, etc.

Les points forts et les points faibles :

Ce qui permet aux LP de se positionner comme formation majeure dans le secteur de la formation professionnalisante, c’est bien l’ensemble des avantages qu’elles procurent. L’autorisation d’accès avec un Bac+2, voire dans certains cas avec un Bac+1, la possibilité de préparation en temps partiel, l’insertion plus ou moins rapide dans le marché du travail, constituent une somme d’éléments qui poussent de nombreux étudiants à opter pour les LP. Cependant, la professionnalisation des LP ne passe pas sans difficultés. En effet, les entreprises qui acceptent d’encadrer les étudiants et leur permettent une action pratique sur le terrain, demeurent limitées dans les régions qui ne sont pas industrialisées. Des fois, l’accès aux LP est en lui-même assujetti à des contraintes plus ou moins importantes quand il s’agit de LP à l’Université. Au niveau de cette dernière notamment, l’accès n’est pas systématique dans le sens où il se fait à l’issue d’une procédure qui comprend tout à la fois une étude de dossier, un test écrit et/ou un test oral. Et dans certains cas, le « copinage » ou le « piston » peut aussi fonctionner hélas. Si sélection rigoureuse il y a, c’est en raison de l’adoption de l’approche « professionnalisante » qui est considérée comme coûteuse par les universités. Il est utile de savoir par ailleurs que l’issue de la formation en LP est sanctionnée, selon la filière et l’université ou l’établissement d’appartenance, par un stage de fin d’études (de plus de 3 mois généralement) mais aussi, dans certains cas, par un mémoire de fin d’études en rapport avec la spécialisation de la filière suivie. Enfin, les personnes souhaitant orienter leurs études vers la recherche fondamentale ou appliquée peuvent ne pas trouver leur compte dans ce type de formation dans la mesure où la licence d’études fondamentale reste la voie idoine pour s’inscrire en master fondamental qui donne lui accès aux études doctorales.