La Licence professionnelle ouverte à tous!

La Licence professionnelle ouverte à tous!

   Désormais les stagiaires Techniciens Spécialisés issus de la formation professionnelle peuvent intégrer l’enseignement supérieur et préparer une Licence professionnelle, voire un Master par la suite. : universités, écoles d’ingénieurs et écoles de commerce leur sont maintenant accessibles. Décryptage d’une petite révolution pédagogique. Jusqu’à une période toute récente, un jeune ayant opté pour la formation professionnelle voyait son horizon plafonné à un diplôme Bac+2 au maximum (Technicien Spécialisé), sans possibilité d’aller plus en-avant dans la poursuite de ses études. C’est désormais chose révolue, même si les choses ne se font que progressivement. En effet, la convention signée  en 2014 entre le ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle et celui de l’Enseignement Supérieur a permis de jeter les ponts entre les deux systèmes d’enseignement. Il existe deux voies possibles : les lauréats du diplôme de Technicien Spécialisé ont la possibilité de poursuivre leur cursus dans des établissements d’enseignement supérieur, écoles d’ingénieur ou écoles de commerce, dans la limite d’un quota de 5% de places disponibles. La seconde option concerne la Licence professionnelle qui est désormais ouverte aux lauréats de la formation professionnelle, pour ce cas-là aucun quota n’a été fixé. Mieux encore, ceux qui le souhaitent peuvent poursuivre des études jusqu’ en Master professionnel. Dans tous les cas, que ce soit pour accéder à l’université ou aux grandes écoles, les candidats devront passer par un concours. Toutefois, à ce jour, le Ministère de l’Education Nationale reste silencieux sur le calendrier de l’organisation des concours d’accès. Pour l’heure, l’on sait seulement que ce sont les Académies Régionales de l’Education et de la Formation (AREF), conjointement avec les Directions régionales de l’OFPPT, qui auront la responsabilité d’arrêter la liste des candidats éligibles aux concours d’accès, sur la base de leur moyenne générale. Mais là encore, des interrogations persistent puisque la moyenne minimale n’a pas encore été précisée, l’on parle seulement de « stagiaires méritants ». Il est à noter qu’afin d’améliorer les chances de réussite des lauréats retenus, ces derniers bénéficieront avant le concours d’une session de renforcement, notamment dans les matières scientifiques et en informatique. L’ouverture de l’enseignement supérieur au public issu de la formation professionnelle vient donc mettre un terme à cette aberration pour les jeunes techniciens qu’est le plafonnement de la formation à deux années.                        Changer le regard porté sur la formation professionnelle Pour accompagner ce mouvement, et dans une dynamique de revalorisation des filières professionnelles, il est prévu la création d’un institut national de formation des formateurs et des directeurs de la recherche en ingénierie de formation. L’enjeu touche à l’économie même du pays et au besoin en compétences : depuis quelques années, plusieurs gros projets sont réalisés au Maroc, tels que Renault Tanger et tout récemment PSA Peugeot-Citroën, mais butent souvent sur la rareté des ressources humaines qualifiées. L’objectif est donc d’adapter le niveau des compétences aux exigences nouvelles des entreprises ; c’est d’ailleurs dans le même esprit qu’a été créé le Baccalauréat professionnel en 2014. Le mouvement est donc global, allant depuis le collège jusqu’à l’université.  Pour l’heure, l’accès à l’enseignement supérieur reste exclusivement réservé aux lauréats de l’OFPPT, le secteur privé étant exclu. Pour la Fédération Marocaine de l’Enseignement Professionnel Privé (FMEP), cette mesure reste inéquitable. Les établissements privés réagissent cependant à leur manière, notamment en signant des conventions avec des universités internationales afin de pouvoir délivrer des licences professionnelles délocalisées. Dans cette perspective, le système de l’alternance est ce qui convient le mieux. C’est un modèle de formation qui permet au jeune lauréat, une fois son diplôme Bac +2 en poche, d’intégrer la vie active tout en préparant une licence pro en cycle du soir et du week-end. Cela est rendu possible notamment par le e-learning et les cours en ligne, ce qui permet au jeune de préparer une licence tout en acquérant de l’expérience professionnelle, chose qui représente une valeur ajoutée indéniable sur son CV. Il est à rappeler que dans le cadre de la « Stratégie Nationale de la Formation Professionnelle 2021 », il est prévu que le secteur privé de la formation pro soit un partenaire stratégique et un acteur qui participe à part entière à cette mission de service public. D’ici à 2021, ce sont 10 millions de professionnels, toutes catégories confondues (y compris la formation continue), qui seront issus du système de la formation professionnelle.